- LETTONIE - Actualité (1990-1996)
- LETTONIE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique de LettoniePolitique intérieureLe 4 mai 1990, le Parlement de Lettonie, république Balte annexée par l’U.R.S.S. en 1940, vote une proclamation d’indépendance, assortie d’une «période de transition» indéterminée. Elle est déclarée illégale, le 14, par Mikhaïl Gorbatchev.Le 20 janvier 1991, à Riga, les bérets noirs des troupes spéciales du ministère soviétique de l’Intérieur donnent l’assaut au ministère letton de l’Intérieur, tuant 5 personnes. Moscou déclare n’avoir rien su de l’attaque, qui provoque les protestations officielles des États-Unis, de la Grande-Bretagne et du Japon. Le 22, le président du Conseil suprême de Lettonie, Anatolijs Gorbunovs est reçu par Mikhaïl Gorbatchev qui déclare ne pas envisager l’instauration du pouvoir présidentiel soviétique dans les républiques Baltes.Le 3 mars, 77 p. 100 des électeurs se prononcent par référendum en faveur de l’indépendance, en dépit de la présence d’une population non balte (essentiellement russe) de plus de 40 p. 100.Le 21 août, au lendemain du putsch des conservateurs à Moscou, le Parlement proclame l’indépendance.Les 5 et 6 juin 1993 se déroulent les premières élections législatives réellement libres depuis plus de 50 ans, auxquelles 600 000 des 1,1 million de russophones – sur 2,6 millions d’habitants – ne peuvent participer, étant considérés comme étrangers. Modéré à l’égard des russophones, le parti de la Voie lettone, dirigé par Anatolijs Gorbunovs, ancien dignitaire communiste, arrive en tête avec 36 sièges sur 100. Le Mouvement pour l’indépendance de la Lettonie, nationaliste et partisan du départ des russophones, obtient 15 élus. Le parti Harmonie pour la Lettonie, favorable à l’intégration des russophones, remporte 13 sièges. Dirigé par le Premier ministre Ivars Godmanis, le Front populaire, qui avait conduit le pays à l’indépendance, n’a pas d’élu.Le 6 juillet, le Parlement, qui a remis en vigueur la Constitution de 1922, élit Anatolijs Gorbunovs à sa présidence, la plus haute fonction politique. Le 7, il désigne Guntis Ulmanis (Union des paysans, 12 sièges) à la présidence de la République.Le 13 juillet 1994, le Premier ministre Valdis Birkavs démissionne à la suite de l’éclatement de la coalition gouvernementale, composée de la Voie lettone et de l’Union des paysans, qui est divisée au sujet de la politique économique. Il est remplacé, le 15 septembre, par Maris Gailis, également membre de la Voie lettone.Les 30 septembre et 1er octobre 1995 se déroulent les élections législatives, sur fond de situation économique et sociale difficile. La Voie lettone perd plus de la moitié de son audience, ne remportant que 14,6 p. 100 des suffrages. Les 2 autres grands partis, le Mouvement pour l’indépendance de la Lettonie et l’Union des paysans, sont également en recul, avec respectivement 6,2 p. 100 et 6,1 p. 100 des voix. Les vainqueurs du scrutin sont 2 formations populistes récemment créées, qui sont favorables au renforcement des liens avec la Russie: le Saimnieks, qui obtient 15,3 p. 100 des suffrages, et le Mouvement populaire pour la Lettonie, qui en recueille 15 p. 100.Le 14 décembre, le président Ulmanis charge l’homme d’affaires Andris Skele de former un gouvernement, après que Ziedonis Cevers, chef du parti Saimnieks, eut renoncé à constituer une majorité.Le 18 juin 1996, le président Ulmanis est réélu par les députés à la tête de l’État, avec 53 p 100 des suffrages.Vie économiqueEn 1991, le problème de la viabilité économique se pose après l’accession à l’indépendance d’un pays qui dépendait étroitement de ses échanges avec l’U.R.S.S. Les dirigeants se trouvent confrontés à la nécessaire réorientation de l’économie nationale. Le 12 octobre, un marché unique est créé par les 3 républiques Baltes. La libération des prix, le 10 décembre, entraîne des tensions inflationnistes.Le 1er janvier 1992, une réforme fiscale introduisant une taxe à la valeur ajoutée est mise en place. La création, à titre intérimaire, d’un rouble letton est annoncée par le Premier ministre Ivars Godmanis (7 mai). Le programme du gouvernement porte également sur la réduction du déficit budgétaire.Le F.M.I. octroie un crédit stand-by destiné à soutenir le programme de réformes économiques.Le 28 juin 1993, le lats remplace le rouble letton. La réforme monétaire est inspirée par le désir des dirigeants de renouer avec les traditions commerciales de la Ligue hanséatique, qui permettraient à la Lettonie de servir de trait d’union entre l’Europe occidentale et la Russie. Cela suppose une monnaie forte. Le commerce extérieur se réoriente progressivement en direction de l’Allemagne, de l’Estonie, de la Hongrie et de la Suède, mais la Russie demeure au premier rang, intervenant pour le quart des échanges. La rigueur des finances publiques permet une baisse du taux d’inflation, mais au prix d’une montée du chômage (10 p. 100 de la population active).En 1994, la Lettonie poursuit ses efforts sur la voie des réformes structurelles en instaurant la convertibilité de la monnaie nationale, en libéralisant les mouvements de capitaux et en accélérant la procédure des privatisations.En 1995, le pays connaît un ralentissement de la croissance – alors même que la majorité de la population n’en a pas encore senti les effets – et un creusement du déficit budgétaire dû notamment à une grave crise bancaire. La monnaie reste stable et la diminution de l’inflation se poursuit.En 1996, le gouvernement poursuit sa politique de réformes. Le déficit budgétaire est réduit à 80 millions de dollars. L’inflation est maîtrisée, le programme de privatisations continue, mais la croissance reste faible. Pour la première fois depuis l’indépendance, le gouvernement est en mesure de présenter un budget en équilibre pour 1997.Relations internationalesLe 12 mai 1990, les présidents des 3 républiques Baltes reconstituent le «Conseil de la Baltique» qui les avait réunies de 1934 à 1940.Le 2 septembre 1991, les États-Unis reconnaissent l’indépendance des 3 pays Baltes, comme l’ont fait une quarantaine d’États, dont la France, depuis la fin du mois d’août. Le Conseil d’État soviétique fait de même le 6. Leur annexion par Staline en 1940 en application du pacte germano-soviétique est ainsi annulée.Le 10, les 3 républiques Baltes sont admises au sein de la C.S.C.E. et, le 17, à l’O.N.U.Du 13 au 15 mai 1992, François Mitterrand est le premier chef d’État occidental à effectuer une visite dans les pays Baltes depuis leur indépendance.Le 29 octobre, le président russe Boris Eltsine ordonne la suspension du retrait des troupes stationnées dans les pays Baltes jusqu’à la signature d’accords portant sur la protection des minorités russes.Les 8 et 9 septembre 1993, le pape Jean-Paul II se rend en Lettonie (où 20 p. 100 de la population est catholique) au cours de sa première visite dans les pays Baltes et en ex-U.R.S.S. Il lance un appel à «pardonner» aux oppresseurs, évoquant implicitement le sort de la minorité russe.Le 14 février 1994, la Lettonie adhère au Partenariat pour la paix de l’O.T.A.N.Le 30 avril, Boris Eltsine et Guntis Ulmanis signent un accord prévoyant le retrait total avant le 31 août des quelque 12 000 soldats russes stationnés en Lettonie.Le 6 juillet, le président américain Bill Clinton, en visite à Riga, rencontre les présidents des 3 États Baltes.Le 22 juillet, le Parlement accepte d’assouplir la loi sur la citoyenneté que Moscou jugeait discrimatoire pour les Russes habitant en Lettonie, qui ne sont pas considérés comme des citoyens. Le régime de quota auquel devait être soumise la naturalisation des russophones est finalement supprimé.Le 31 janvier 1995, la Lettonie entre au Conseil de l’Europe.Le 12 juin, la Lettonie, tout comme l’Estonie et la Lituanie, signe un accord d’association avec l’Union européenne qui prélude à sa prochaine intégration, au terme d’une période de transition plus courte que celle qui est imposée aux autres républiques issues du démantèlement de l’ex-U.R.S.S.
Encyclopédie Universelle. 2012.